Bienvenue dans ce nouvel épisode de « Tendez l’oreille » consacré à la prise en charge pluridisciplinaire des personnes souffrant d’acouphènes.
Aujourd’hui, nous allons parler des acouphènes, ces bruits qu’on entend à l’intérieur de l’oreille et qui n’ont pas de sources extérieures.
La communauté scientifique s’accorde à dire qu’un acouphène est un traumatisme ou un microtraumatisme au niveau de l’oreille. C’est pourquoi, l’audition a un rôle important. Autant, on arrive à rééduquer les patients avec un appareil auditif, autant il ne peut pas être à lui seul suffisant. C’est pourquoi, on travaille ensemble dans une équipe pluridisciplinaire pour prendre en charge nos patients.
Aujourd’hui, pour nous en parler, j’ai invité Claire avec qui j’ai la chance de travailler.
- Isabelle
Bonjour Claire, je te laisse te présenter.
- Claire
Bonjour Isabelle. Oui, on a le plaisir de travailler ensemble, dans cette équipe pluridisciplinaire. Je suis hypnothérapeute et sophrologue à Orléans. L’avantage de cette équipe, c’est justement de pouvoir aider les personnes sous plusieurs axes : sur le plan émotionnel comme sur le plan médical avec l’audition.
- Isabelle
Tu vas pouvoir peut-être nous expliquer ce qu’apportent ces approches et qu’est-ce qu’elles peuvent apporter à nos patients ?
- Claire
On se rend compte effectivement que les personnes qui ont des acouphènes sont très focalisées sur ce bruit, sur ce son. À tel point que parfois, ils en oublient de vivre, et d’aller se tourner vers tout ce qu’il y a autour d’eux qui pourrait être un apport bénéfique.
Le travail de l’hypnose comme de la sophrologie qui sont très cousines dans la manière de pouvoir accompagner les gens, c’est justement de les aider à défocaliser de ce son, de pouvoir à nouveau se connecter aux choses qui sont très positives, de pouvoir aussi, si jamais il y a un ancrage qui s’est fait, un cercle vicieux qui s’est fait autour de l’acouphène, leur permettre de devenir autonome pour gérer le stress, gérer les émotions qui vont justement exacerber cette notion d’acouphène.
- Isabelle
Tu peux essayer de nous expliquer aussi un petit peu comment se fait une prise en charge, quel est le temps que tu passes avec eux, en quoi cela consiste ?
- Claire
Cela va dépendre effectivement de la manière dont les gens perçoivent leur acouphène. Pour les personnes qui effectivement sont très atteintes émotionnellement, voire même qui sont dans une lassitude, peut-être même dans une déprime, de toute façon, nous on ne fait rien sans avis médical préalable.
Lors de la prise en charge, on va beaucoup discuter avec la personne avant, pour savoir quelle est sa représentation de son monde intérieur, savoir à quel niveau, justement, l’acouphène l’impacte, mais aussi, notamment en hypnose, chercher quel serait le son le plus approchant qu’elle connaît déjà, qui serait perturbant pour elle. Lors du premier entretien, nous allons passer du temps avec les personnes pour pouvoir bien connaître leurs valeurs, leurs croyances, celles qui seraient aidantes, mais aussi celles qui seraient bloquantes surtout, de manière à pouvoir, avec l’hypnose, agir sur des leviers psychologiques qui leur permettraient de pouvoir accéder à une détente plus naturelle, et surtout une auto détente. C’est-à-dire leur donner des outils pour qu’ils puissent, eux-mêmes, être plus facilement dans cet accès de détente qui va forcément leur permettre de focaliser sur l’extérieur, et donc, de ce fait, moins focaliser sur leur acouphène.
- Isabelle
C’est clair. Je crois que le but qu’on a tous, c’est essayer de leur faire défocaliser de cet acouphène qui est trop envahissant pour eux.
- Claire
C’est cela, prendre du recul, lâcher prise. On s’aperçoit aussi, parfois, dans la vie de certaines personnes, qu’il y a eu des traumatismes et qui ont, de ce fait, exacerbé aussi l’acouphène. Il nous arrive aussi d’aller travailler sur ces traumatismes pour les aider justement à digérer un petit peu cette information traumatique.
Par rapport au nombre de séances, l’hypnose et la sophrologie sont des thérapies brèves.
En hypnose, il peut y avoir 5-6 séances. Après, effectivement, moi, dans mon travail, je vais faire attention à transmettre, encore une fois, les clés de l’autohypnose. Donc, tout dépend de l’apprentissage de la personne.
En sophrologie, c’est pareil. C’est une thérapie brève. Il peut y avoir entre 8 et 12 séances pour faire tout un parcours pour l’aider à intégrer la méthode, qui est à la fois corporelle et psychologique, mais en sophrologie, les personnes doivent refaire les exercices de respiration entre chaque séance, donc ça permet de transmettre des acquis qu’elles vont pouvoir réutiliser après tout au long de sa vie.
- Isabelle
Très bien. Est-ce que tu peux nous expliquer, à ton avis, comment on choisit un professionnel de santé ?
- Claire
C’est une grande question, parce que déjà nous, nous ne sommes pas professionnels de santé. Dans notre manière de faire, ce n’est pas un diplôme reconnu d’État, donc il faut véritablement bien vérifier que la personne a été formée dans plusieurs écoles, qu’elle est reconnue par un cercle, par un réseau et puis, aussi, c’est souvent le bouche à oreille qui fonctionne.
Il faut aller vers quelqu’un vers qui on se sent bien. On n’a aucun engagement. Dès la première séance, on peut estimer si la personne nous conviendra ou pas pour faire un suivi, en tous cas, il faut qu’il y ait un bon rapport de confiance. Si ce n‘est pas le cas, et bien évidemment, il ne faut pas hésiter à changer.
- Isabelle
Est-ce que tu peux aussi nous expliquer la différence, -parce que je crois qu’il y a beaucoup de patients qui ne la connaissent pas forcément-, entre l’hypnose et la sophrologie ?
- Claire
Tout à fait. Alors, malgré tout, elles sont cousines donc il y a des similitudes et il y a des différences.
En sophrologie, on va s’occuper du corporel et du mental. La personne va en fait être amenée à apprendre des exercices de respiration pour le corporel, pour l’aider à se détendre, à lâcher prise, et le sophrologue va la guider par la suite avec des exercices de visualisation mentale.
L’hypnose, on est vraiment dans une technique verbale qui va amener la personne à lâcher prise mais dans une notion de visualisation mentale uniquement. On ne fait pas agir le corporel. C’est aider la personne à trouver une ressource, aider à stimuler son imagination pour lui permettre, par des métaphores par exemple, d’aller dédramatiser une situation, prendre du recul sur certaines choses, lui permettre aussi d’aller solliciter sa mémoire sensorielle. On a tous un lieu qu’on a bien aimé, on a tous une boisson qu’on aime boire, quelque chose qui nous met véritablement dans un apaisement, qui nous permet de changer complètement sa capacité à se sentir bien n’importe où. Donc c’est aider la personne à trouver ses propres ressources, comprendre comment elle fonctionne pour lui permettre de trouver ses propres clés.
- Isabelle
L’approche de Claire peut être complémentaire de l’approche que nous on fait dans nos cabinets sur la réhabilitation de l’oreille, et on voit qu’elle est très importante pour certains patients, parce que, comme on le disait tout à l’heure, il y a certains patients qui le vivent plus ou moins bien.
Pour nous, il nous est apparu important de faire partie de cette équipe pluridisciplinaire, de pouvoir proposer à nos patients différents professionnels qui peuvent les accompagner.
Alors merci beaucoup Claire pour ta présentation et ta collaboration à cette émission.
L’oreille est quelque chose d’important, votre audition est unique, il faut la protéger et surtout, la confier à des spécialistes.
Merci Claire.
- Claire
Merci Isabelle.
- Isabelle
À bientôt sur un nouvel épisode de « Tendez l’oreille ».
Merci d’avoir suivi cette interview et à bientôt pour un prochain épisode de « Tendez l’oreille » !