Au cours de notre vie, nous passons en moyenne 11 années sur notre poste de travail. Il est donc indispensable de s’y sentir bien et de disposer d’équipements confortables. Lorsque l’on rencontre des troubles auditifs, on peut avoir tendance à s’isoler ou à fermer les yeux sur des situations qui nous mettent mal à l’aise. Pourtant, il existe des solutions simples pour adapter son poste de travail et éviter ce type de situations. Décryptons ensemble les aménagements possibles sur votre lieu de travail.
LA CLÉ D’UN AMÉNAGEMENT RÉUSSI : LA PERSONNALISATION
Quelle que soit la situation de handicap ou les troubles auditifs d’un collaborateur, chaque aménagement de poste de travail doit être entièrement personnalisé. Il est nécessaire de faire un état des lieux des situations d’inconfort du salarié et de fournir des solutions adaptées, qu’elles soient techniques ou humaines.
Avant toute chose, il faut donc identifier les tâches réalisées par le collaborateur sourd ou malentendant, et les classifier. On distingue deux types de tâches pour lesquelles des solutions peuvent être apportées :
- Les tâches stressantes, qui positionnent le salarié dans une situation inconfortable. Cela peut être l’utilisation du téléphone, la participation orale à une réunion de travail ou à une conférence.
- Les tâches fatigantes, qui nécessitent une attention sensorielle accrue, qu’elles soient auditives et/ou visuelles. On peut notamment citer l’ensemble des échanges relationnels, même s’ils sont de courte durée.
Pour chaque situation, on ne s’attarde pas uniquement sur l’inconfort que cela peut générer, mais également sur le ressenti du collaborateur. En effet, chaque malentendant a une courbe de surdité différente, de légère à sévère, et chaque situation n’est donc pas perçue de la même manière par chaque malentendant.
LES SITUATIONS NÉCESSITANT UN AMÉNAGEMENT
Avant tout aménagement du poste de travail, il est nécessaire de lister les situations dans lesquelles le collaborateur malentendant doit recevoir des informations. Elles se regroupent en trois parties :
- La perception des signaux, tels que la téléphonie, les sonneries de porte ou les alarmes.
- La communication active, qui demande au collaborateur d’écouter et d’oraliser.
- La communication passive, qui nécessite uniquement l’écoute, comme lorsque l’on assiste à une conférence par exemple.
Pour chacune de ces situations, on s’attarde sur le lieu où cela se déroule, et sur son intensité sonore. En effet, une personne atteinte de troubles auditifs est très sensible au bruit, et sera généralement dans une position inconfortable lorsqu’elle est confrontée à une situation bruyante. Il est donc nécessaire d’évaluer l’intensité du bruit lorsque le collaborateur est à son poste de travail.
Pour cela, on peut solliciter la personne malentendante, et juger son niveau de confort et la fatigue ressentie en milieu professionnel. Pour être plus précis, on peut aussi utiliser un support technique, comme un sonomètre, qui affiche les niveaux de décibels. L’association JNA (Journée Nationale de l’Audition) considère alors qu’au-delà de 60 décibels, le lieu est bruyant et engendre de la fatigue.
LES SOLUTIONS D’AMÉNAGEMENT DU POSTE DE TRAVAIL
Un aménagement du poste de travail n’est pas forcément coûteux et laborieux. Il existe des solutions simples pour aider un collaborateur malentendant à se sentir à l’aise en milieu professionnel. Trois aspects sont considérés :
- L’acoustique du poste de travail : Après avoir listé les supports bruyants (imprimante, matériels informatiques…), on les éloigne du collaborateur malentendant. On peut également avoir recours à des revêtements ou des cloisons acoustiques afin d’isoler et de séparer les espaces.
- La luminosité : Pour capter un message, il faut être dans un espace calme mais également bien éclairé, afin de pouvoir utiliser la lecture labiale et distinguer les éléments non verbaux. Il ne faut donc pas d’obstacle dans le champ de vision ou de reflets sur les écrans utilisés. On s’attarde sur les points de lumière, qu’ils soient artificiels ou naturels, et on évite les situations où l’interlocuteur est systématiquement à contre-jour.
- L’aménagement du mobilier : Déplacer le mobilier ou ajuster la décoration peut suffire à rendre confortable l’espace de travail pour la personne malentendante. Ainsi, on aménage de sorte que le champ de vision soit dégagé. Si on se trouve dans un espace ouvert, on place le bureau dans l’angle de la pièce. Si l’espace est fermé, on met le bureau face à la porte. Le but est que le collaborateur ne soit pas surpris par une apparition brusque de quelqu’un dans son champ de vision.
Pour aller plus loin, il existe d’autres outils afin d’aménager efficacement un poste de travail.
- Les outils techniques : De nombreuses aides à la communication existent, comme les microphones sans fil, les vidéophones ou encore les téléphones disposant d’une touche d’amplification ou d’une boucle magnétique. L’ensemble de ces outils sont compatibles avec les appareillages auditifs.
- Les outils humains : Pour une conférence ou une réunion, on peut faire appel à un interprète ou à un vélotypiste. Le premier utilise la langue des signes comme moyen de communication quand le deuxième génère des sous-titres en temps réel sur un support.
- La formation : Il est également possible de se former à la lecture labiale afin de compenser une perte auditive.
Dans tous les cas, il est indispensable d’informer et de sensibiliser les collègues normo-entendants sur les difficultés du collaborateur malentendant. C’est uniquement de cette manière qu’on évite un isolement au travail et qu’on assure des situations confortables pour chacun.
UNE PRISE EN CHARGE POSSIBLE PAR L’ENTREPRISE
Dans la plupart des cas, l’employeur est incité à proposer des dispositifs adaptés au collaborateur sourd ou malentendant, l’aménagement étant pris en charge par la collectivité. Pour cela, il faut justifier de la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé). Cette distinction peut être demandée dès l’âge de 16 ans et est attribuée dès lors que les problèmes d’audition entraînent des difficultés dans l’exercice de la profession.
Le but est également de ne pas mettre en danger le collaborateur malentendant. On vérifie alors si celui-ci est en mesure de repérer des bruits importants de machines ou des alertes sonores comme l’alarme incendie.
Les personnes ayant une perte d’acuité auditive prennent malheureusement l’habitude d’éviter les situations auditives inconfortables, plutôt que solliciter une aide extérieure. Cela limite leurs facultés à participer et à engager des conversations, et favorise alors l’isolement au travail. Si vous avez des difficultés au travail liées à vos troubles auditifs, n’hésitez pas à en parler à votre employeur.